Le récit de Denis Puthiot, responsable du projet
Pour l'alimentation en eau des bassins, nous avons dû procéder à un barrage en amont du canal, à environ 300 m, de manière à dériver l'eau du canal et l'amener par des canaux aux bassins.
Le barrage, en blocs, poteaux en béton armé, poutres d'assise et à 90 cm de hauteur a été construit le 15 septembre. Les blocs étaient crépis avec quatre morceaux de tuyaux devant servir de déversoir pour laisser s'écouler l'eau lorsque nous n'avions pas besoin d'eau. Ce barrage était très important pour les paysans de la zone, l'eau serait utilisée pour arroser les terrains alentours.
Le barrage construit en laissant s'écouler l'eau, nous sommes revenus le lendemain pour son achèvement et la finition des canaux d'irrigation.
Nous avions creusé des canaux avec une arrivée dans chaque bassin, posé un tuyau avec un filtre. Certains canaux existaient déjà, les paysans ayant l'habitude de construire des barrages en bois et paille mais ceux-ci ne duraient pas plus de quelques mois. Ces canaux ont été nettoyés et allongés pour arriver sur le terrain.
Nous avons fermé les tuyaux, les paysans nous aidaient à boucher avec des mottes de terre et d'herbe les trous de passage de l'eau et celle-ci commençait à monter. L'eau refluait envahissant les abords du canal et remontant sur plusieurs centaines de mètres. Après environ ¾ h, l'eau arrivait au niveau des canaux et commençait à couler. Les canaux étant secs, buvaient beaucoup d'eau, il a fallu encore près d'une heure pour qu'elle arrive aux bassins.
L'eau arrivait juste à l'entrée du premier bassin quand soudain un bruit sourd. Le barrage avait cédé sous la pression devenue trop importante des eaux. Malheur !
Nous avons discuté encore avec les paysans dont certains nous avaient prévenus que la pression de l'eau était très forte surtout avec le reflux de l'eau sur près d'un kilomètre. Il a été décidé, vu l'urgence de la situation, de procéder dans les trois jours à la construction d'un nouveau barrage avec la technique des paysans et les matériaux locaux. Nous avons construit un nouveau barrage avec le transport sur place d'un tronc d'arbre suffisamment large (6 m), et d'une journée de travail d'un groupe de paysans. Un premier barrage a été construit mais qui n'a pas tenu le choc de la pression de l'eau. Un deuxième a été immédiatement construit avec un tronc plus gros, plus long que le premier, l'enfoncement de poteaux dans le lit du canal, devant, pour tenir les branchages et les herbes, et derrière pour consolider le tronc. De nombreuses branches feuillues de cocotier, plantées dans le sol, recevaient des mottes de terre et d'herbe.
Ce deuxième barrage a bien tenu, la quantité d'eau arrivant dans les bassins est nettement suffisante pour remplir les trois bassins à la fois et même trop parfois, il faut alors en détourner une partie.
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