Rapport MEDICAP décembre 2005
Gérard Fayette - Fidolin ANDRIANASOLO

action de santé action Médicap dans les prisons malgaches
Les actions entreprises
dans les prisons du Sud-Est de Madagascar
juillet 2005 à décembre 2005



Au terme d’une nouvelle année de travail, nous pouvons dresser le constat suivant:
  • d’une part, une amélioration ponctuelle des conditions de santé, voire des conditions de détention, grâce aux actions conjuguées de tous les intervenants avec lesquels nous travaillons,
  • d’autre part, une absence totale de résolution du problème primordial que constitue la pénurie chronique d’alimentation de base pour les détenus dans les prisons dont nous avons pris la charge.
Programme Médicap dans les prisons malgaches Après la mise en place, au printemps, d’un bloc sanitaire dans la prison de Mananjary grâce au soutien de AMAR et de SOS Enfants et la réfection de certains bâtiments et des blocs sanitaires de la prison de Farafangana par le CICR, nous avons eu la satisfaction d’inaugurer, en septembre, des toilettes, douches et fosses septiques dans chaque dortoir de la prison de Manakara.
Ceci constitue une avancée notable en matière de conditions de détention puisque auparavant, les détenus, enfermés la nuit pendant plus de douze heures d’affilée, ne bénéficiaient d’aucune facilité de cette sorte.

Nous tenons donc à remercier particulièrement le Docteur Maurice Collin et son Rotary-Club, le Rotary VOVONANA de Antananarivo, qui ont permis la réalisation de ce projet. Nos plus vifs remerciements vont aussi aux nombreux autres intervenants qui ont apporté leur contribution, soit en temps, soit en dons, que nous ne pouvons citer ici faute de place.

Les actions initiées en collaboration avec Jérémi Rhône-Alpes et Jérémi Toamasina se pérennisent, notamment par le biais de la formation du Docteur Fidolin en dentisterie, ce qui permet à chaque visite des prisons de soigner les nombreux détenus qui ne bénéficiaient d’aucun soin dans ce domaine auparavant. L’intervention régulière d’un médecin de Jérémi Toamasina à la Maison Centrale de Tamatave constitue une aide appréciable, d’autant plus qu’il s’agit d’une prison d’un millier de personnes. Programme Médicap dans les prisons malgaches

Comme annoncé dans notre précédent rapport, l’exposition des photos de Ludovic le Couster s'est tenue à Lyon le 27 et le 28 novembre, à l’initiative de Jérémi Rhône-Alpes. Une nouvelle exposition sera organisée par La Maison de Sagesse la deuxième quinzaine de mars 2006, à Paris, dans la Mairie du 6° arrondissement.

Toutes nos actions, qu’elles concernent la santé ou les activités de réinsertion professionnelle et de formation, ont été menées en collaboration active avec les congrégations religieuses présentes dans les prisons. Un grand merci à tous les religieux et religieuses qui se dévouent quotidiennement et sans compter pour cette cause.

Il reste néanmoins que nous n’avons aucune prise sur deux problèmes importants et non résolus dans ce domaine :
  1. L’organisation judiciaire
    Elle induit la présence en prison d’une proportion de 70 % de prévenus contre 30 % de condamnés. Des réformes sont promises mais pas effectives pour le moment.
    Dans le cadre d’un groupe PRISON, initié par l’Union Européenne, nous mettons actuellement en place un système qui devrait permettre de pouvoir faire sortir les prévenus dont le dossier a été « oublié ou « perdu »

  2. La pénurie alimentaire
    Le budget de l’Administration pénitentiaire est dramatiquement insuffisant pour nourrir convenablement les détenus. La ration alimentaire n’atteint les 500 g minimum par jour dans aucune des prisons que nous visitons. Les dons des congrégations religieuses et les interventions ponctuelles d’organisations comme MEDICAP tentent de pallier les urgences les plus criantes, mais c’est évidemment très insuffisant.
    Le Ministère de la Justice a décidé d’entreprendre la résolution de ce problème en promouvant l’autosuffisance alimentaire des prisons par la remise en exploitation systématique des camps pénaux. Vaste problème à propos duquel le CICR a été sollicité pour présenter des solutions. Programme Médicap dans les prisons malgaches
Nous participons à ces réflexions dans le cadre du groupe PRISON, en charge d’un projet plus vaste d’aide à la reconstitution d’un Etat de Droit à Madagascar.
C’est dans ce contexte que MEDICAP a participé en septembre à une campagne télévisée destinée à sensibiliser la population malgache aux problèmes posés par la réinsertion et l’accueil des détenus en fin de peine.

Enfin comme annoncé précédemment, Gérard FAYETTE est en France jusqu’à fin mars 2006, mettant à profit cette période pour essayer de sensibiliser toutes les associations ou donateurs susceptibles de s’intéresser à la cause des détenus et d’aider MEDICAP. L'action sur le terrain continue pendant son absence.




Assainissement des conditions de détention Action au niveau de la santé


Programme Médicap dans les prisons malgaches
Nous veillons à ce que les médecins nommés par les médecins inspecteurs effectuent une visite hebdomadaire dans chaque prison, les médicaments étant fournis par MEDICAP. En cas de nécessité, nous intervenons auprès du médecin inspecteur pour lui rappeler cette obligation, comme cela a été le cas notamment à Tamatave, Farafangana et Ambatondrazaka.

Cas particulier de la prison de Fort-Dauphin : elle est visitée tous les 4 mois par le Docteur Fidolin. Les vacations hebdomadaires sur place, payées par MEDICAP, sont toujours assurées par le Docteur Dominique. La prochaine visite est prévue début janvier 2006.

Tuberculose :

La recrudescence de la tuberculose est avérée. Outre les soins prodigués à Tamatave par le Docteur Hadj, nous insistons lors de chaque visite sur la nécessité d’isoler les malades en début de traitement.
Programme Médicap dans les prisons malgaches
Il n’est pas exclu que cette recrudescence ne soit la conséquence d’une augmentation du nombre de personnes porteuses du VIH. Mais, sur ce plan, l’administration pénitentiaire n’a entrepris aucune campagne et nous nous trouvons démunis.

En France, Gérard Fayette prépare la mise en place d'un test de dépistage dans l’une des huit prisons qui pourra s'effectuer à son retour, en accord avec le Ministère de la Santé.

Malnutrition :

La distribution d'extraits foliaires de luzerne se poursuit, prodiguée aux détenus dont le B.M.I. (Body Mass index) est inférieur à 18,5. Elle permet d'apporter une réponse, mais très partielle seulement, à ce problème majeur.

Les chiffres concernant les malnutris traités sont les suivants :

· Fort-Dauphin : 89
· Farafangana : 55
· Manakara : 42
· Moramanga : 62
    · Mananjary : 62
· Vatomandry : 98
· Tamatave : 80
· Ambatondrazaka : 106

Soit au total 594 détenus représentant 12,24 % de la population carcérale des 8 prisons.
Programme Médicap dans les prisons malgaches
Ce chiffre global est quasiment identique à celui relevé fin décembre 2004. Nous notons néanmoins une aggravation de la situation à la prison de Vatomandry (31 malnutris identifiés seulement fin 2004). Le gardien chef, questionné à ce propos, affirme que les prisonniers entrants sont tous en état de déntrition. Nous suivrons particulièrement cette situation.

Nous rappelons néanmoins que l’effet de ce complément alimentaire, riche en fer, vitamines et protéines, n’est vraiment positif que dans la mesure où la ration alimentaire quotidienne est de l’ordre de 500g par jour et par détenu, ce qui n’est malheureusement jamais le cas.
Les congrégations religieuses tentent de compléter les rations des « luzernés ». Nous avons sollicité nos donateurs pour un budget spécifique dans ce domaine pour les nouvelles prisons.

MEDICAP s’intéresse par ailleurs à l’intérêt nutritionnel que présente le Moringua Olifera, plante susceptible de fournir un complément alimentaire de qualité à un prix accessible, promue par l’association Sunforlife. La spiruline, complément alimentaire fréquemment utilisé en milieu hospitalier, reste inaccessible compte tenu de son coût.

Extractions dentaires :

Le Docteur Fidolin pratique à présent dans toutes les prisons, avec succès, les extractions dentaires demandées par les détenus.
C’est un grand progrès mais il requiert la fourniture d’anesthésiques et d’antibiotiques.



réinsertion sociale et professionnelle Assainissement des conditions de détention



Outre les réhabilitations mentionnées en tête du présent rapport, nous avons identifié plusieurs besoins essentiels : Programme Médicap dans les prisons malgaches
  • création de sanitaires pour les quartiers hommes et femmes de la prison de Moramanga,
  • aménagement d’une chambre pour les mineurs de la prison de Moramanga,
  • création à Tamatave de toilettes intérieures pour chaque dortoir,
  • création de sanitaires intérieurs pour chaque dortoir dans la prison de Mananjary.



formation professionnelle Réinsertion sociale et professionnelle


Alphabétisation :

Les ateliers en place fonctionnent de manière satisfaisante. Il faudra néanmoins les développer dans certaines prisons, notamment dans les deux nouvelles prises en charge, Ambatondraza et Moramanga, sans oublier les femmes.

Enseignement dispensé : Programme Médicap dans les prisons malgaches

Au jardin pénal de Farafangana, les cours d’alphabétisation dispensés aux détenus adultes fonctionnent chaque soir à partir de 18 h. Les cours donnés le matin aux enfants continuent, bien que l’effectif soit réduit.

Par contre, les cours d’alphabétisation prévus dans le camp pénal proche de Vatomandry n'ont pas encore pu être mis en place. Destinés aux adultes ainsi qu’aux enfants des familles des détenus, ils devraient voir le jour au courant de l'année 2006.




Perspectives d'avenir Ateliers de formation professionnelle


Ateliers Femmes :

Programme Médicap dans les prisons malgaches A Mananjary, Manakara et Farafangana, les ateliers de broderie et de vannerie fonctionnent bien, sous la responsabilité des sœurs et des intervenants sur place que nous rétribuons.

A Tamatave, la couture, la broderie et la vannerie sont à présent opérationnelles. A Vatomandry, seul un atelier de vannerie a été installé, les besoins étant moins grands pour le moment (6 femmes détenues).

Ateliers Hommes :

Forge : Les trois ateliers mis en place précédemment fonctionnent grâce à la famille de Modeste Gera. Une partie de la production, pelles et outils agricoles, est donnée aux intervenants pour la culture dans les camps pénaux. Le reste est vendu, assurant ainsi l’autofinancement de l’apprentissage.

A ces ateliers existants s’ajouteront progressivement de nouvelles unités, créées dans les autres prisons en fonction des opportunités, notamment en matière de formateurs.

Menuiserie : Les deux ateliers de Manakara et Mananjary ont à présent un bon rendement, grâce à l’impulsion des sœurs sur place.
Comme pour la forge, de nouveaux ateliers seront peu à peu mis en place dans chaque nouvelle prison.




effectifs des quatre prisons au 31/07/2004 Perspectives d'avenir et conclusion



Il est clair que les objectifs de MEDICAP en matière d’amélioration de la santé des détenus ne peuvent être tenus que grâce à la générosité des associations partenaires et au dévouement de tous les intervenants sur place. La fourniture de médicaments particulièrement adaptés aux pathologies rencontrées est vitale. Le recrutement de médecins compétents permet de mieux couvrir les besoins et d’instaurer des cycles de visites plus rapprochées (suivi des B.M.I., suivi des maladies contagieuses, surveillance des malnutris).
Programme Médicap dans les prisons malgaches
Il est évidemment indispensable de pouvoir faire procéder aux réhabilitations des installations de toilettes de certaines prisons, conditions préalables à l’établissement d’un environnement sanitaire décent.
Dans le même ordre d’idée, l’hygiène générale étant très défectueuse, une action en faveur d’une désinsectisation et d’une désinfection systématiques et régulières des lieux de vie devrait être menée. Cette tâche revient normalement à l’Administration Pénitentiaire à qui le CICR a fourni les matériels nécessaires et le premier stock de produits, mais qui est presque partout défaillante.

Enfin, il convient de développer dans toutes les prisons les ateliers de formation, en particulier pour les hommes qui sont à la fois plus nombreux et moins autonomes que les femmes, souvent totalement inoccupés et livrés à eux-mêmes.

Le point le plus crucial reste néanmoins le problème de l’alimentation, auquel MEDICAP ne peut répondre que par des actions ponctuelles d’urgence et des apports de compléments alimentaires. Nous constatons, au fil de nos rencontres avec les responsables de l’Administration pénitentiaire, une volonté certaine de faire « bouger » les choses, tant en termes de procédures judiciaires que de gestion des établissements. La véritable décision appartient au pouvoir politique. Souhaitons que ces décisions soient prises en 2006…

Entre temps, en 2006, MEDICAP continuera son action, soutenue par ses associations, ses donateurs, ses amis. Qu’ils trouvent dans ce rapport l’expression d’un grand merci.




bas de page Effectifs des huit prisons au 30/11/2005



VILLES Répartition des effectifs
à l'intérieur de chaque prison
TOTAUX
  EXT Total
Inter.
Hommes Femmes Mineurs Enfants
Bébés
 
Ambatondrazaka 326 661 936 29 19 3 987
Moramanga 51 279 305 7 18 0 330
Fort-Dauphin 138 269 374 19 11 3 407
Farafangana 484 322 772 16 15 3 806
Manakara 144 225 332 17 17 3 369
Mananjary 237 175 384 15 13 0 412
Tamatave 198 1050 1158 58 27 5 1248
Vatomandry 106 186 280 6 6 0 292

TOTAL

1684 3167 4541 167 126 17 4851




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